Tout simplement parce que le paysage scout en France est un joyeux bordel méconnu, mal interprété et déformé par la vision des média slash les vieilles idées préconçues dues en grande partie à un film rétrograde de Gérard Jugnot, bien connu et que je ne nommerai pas.
En résulte cette idée débile que les scouts, c'est des p'tits mômes bien propres sur eux, en culotte courte/juppe culotte, avec une chemise militaire et dont l'ascendance vote très à droite tout en allant voir la messe en latin. Ah oui, j'oubliais : les animateurs de ces têtes blondes sont des pédophiles ou des assassins qui mettent systématiquement en danger leurs jeunes ouailles pour leur apprendre un peu à vivre.
Mais la réalité est tout autre : le paysage scout français se découpe en 3 ensembles :
1. la fédération du Scoutisme Français.
Reconnue à la fois par Jeunesse et Sport (preuve s'il en est du niveau de formation pédagogique requis pour les animateurs) et par les instances scoutes mondiales (Organisation Mondiale du Mouvement Scout - OMMS -et son pendant féminin Association Mondiale des Guides et Eclaireuses - AMGE). Elle se compose de 5 mouvements, avec par ordre décroissant d'adhérents les Scouts et Guides de France (SGdF - mouvement d'obédience catholique auquel j'ai cru déduire qu'Olie appartient, historiquement le 3ème mouvement français), les Eclaireuses et Eclaireurs de France (EEF - mouvement laïque, car OUI, être scout ne veut pas dire être croyant, historiquement, la place de premier lui revient car il a pratiqué ses activités avant le mouvement suivant), les Eclaireuses et Eclaireurs Unionistes de France (EEUdF - mouvement protestant, et historiquement le premier à avoir déposé ses statuts, grillé sur les activités par les EEF), les Eclaireuses et Eclaireurs Israélites de France (EEIF - mouvement juif) et les plus récents, les Scouts musulmans de France (SMF - là, je me dis que certains en lisant ça seront surpris de voir que le paysage religieux scout est si varié).
Les trois premiers mouvements sont ouverts à tous, sans distinction de confession ni de revenu (d'ailleurs, un camp scout coûte en moyenne 3 fois moins cher qu'une colo, et est souvent mieux encadré, pensez à vos futurs enfants) ; les deux derniers, sans être purement sectaires, sont moins flexible en matière confessionnelle simplement parce que les religions sur lesquels ils s'adossent ont plus d'impératifs à respecter dans la vie quotidienne.
2. la Conférence Française de Scoutisme.
Presque aussi nombreux que le Scoutisme Français (à une vache de 20.000 adhérents près), les membres de cette conférence ne sont pas reconnus au niveau mondial. En revanche ils sont reconnus par Jeunesse et Sports. Ils sont répartis en trois associations : les Scouts et Guides d'Europe (pendant un peu plus strict, voire parfois militarisé dans certains cas qu'il m'a été donné de voir, des SGdF), les Eclaireurs Neutres de France (ENF - sur le papier ils refusent de plaider pour une spiritualité plutôt qu'une autre, c'est beau ; dans la pratique, chaque unité gère sa spiritualité comme elle l'entend, donc c'est du pain béni - pardon pour le jeu de mots - pour des religieux intégristes) et la Fédération des Eclaireuses et Eclaireurs (FEE - branche dissidente des EEF voulant vivre leur propre pédagogie, toujours laïque mais à mon sens plus cadrée que celle de leurs anciens collègues).
3. le reste.
Une exception se démarque de ce qui reste : les Scouts Unitaires de France (SUF), anciennement associé au groupe précédent si je ne m'abuse. Pour caricaturer outrageusement, je dirais que si les Europe sont le pendant paramilitaire des SGdF, les SUF sont leur pendant intégriste. Paf, c'est dit, et c'est très exagéré. Il n'empêche que le public se retrouvant aux SUF est souvent issu de familles catholiques pratiquantes à qui Christine Boutin ne file pas de l'urticaire. Ceux que j'ai rencontré, du moins.
Et après il reste tout un fatras d'associations se revendiquant comme scoutes mais ne bénéficiant d'aucun appui parmi les instances officielles, ni même d'agrégation de Jeunesse et Sports. Fut un temps, on comptait entre 70 et 80 associations de ce type, essentiellement cathos et prots mais avec parfois des surprises (genre des scouts bouddhistes, j'vous jure). Parmi ces joyeux drilles chez qui la plupart des accidents médiatisés arrivent (Perros-Guirrec en 1998 par exemple, drame pour les effectifs scouts dans toute la France vu les amalgames faits par les média), certains portent des noms doux comme un coup de pioche, style les Ecuyers de Saint-Michel, les Scouts du Groupe Henri de la Roquejaquelin, les Scouts et Guides de Godefroy de Bouillon (ils lanceraient une nouvelle croisade des enfants que ça ne m'étonnerait pas), les Scouts et Guides de Saint Benoît, le Mouvement des Flambeaux et des Claires Flammes, les Chevaliers de Riaumont, les Porteurs de Flambeaux... vous voyez les genre sans que j'aie besoin d'appuyer davantage, j'espère.
Pour conclure sur cet inventaire, sachez ô jeunes historiens que les scouts qui vous font peur dans la rue habillés comme dans les années 30 (et pratiquant une pédagogie issue de la même époque), ceux qui vous font immanquablement penser à ce que Jugnot a décrit il y a de ça 30 ans (en pensant alors à un scoutisme qu'il avait lui-même vécu 25 ans plus tôt), sachez qu'ils sont minoritaires, bien que leur représentation médiatique en cas de drame soit disproportionnée. C'est rare que la télé parle de camps qui se sont super bien passés et lors desquels les enfants ont vécu une aventure formidable, bonne pour leur développement (et je me passerais des commentaires grivois que certains ne manqueront pas d'avoir, j'y ai moi-même pensé).
Pfiou, quelle tartine juste pour dire que j'kiffe le scoutisme moi aussi. D'ailleurs, je pense qu'on devrait tous apprendre le morse.